Reporter le moment de faire des enfants est désormais toujours plus fréquent. L’âge moyen auquel les femmes accouchent de leur premier enfant avance constamment: dans l’Union Européenne en 2020 l’on était à 29,5, avec des pointes au-delà des 31 ans dans quatre pays – Italie, Espagne, Suisse et Luxembourg.
Cette avancée enregistrée dans le monde entier n’aide pas les femmes qui aspirent à la maternité: plus l’âge est élevé, plus étroite est la fenêtre d’années fertiles à leur disposition pour réaliser leur projet de famille. Ce fait, ainsi que le peu de connaissance du fonctionnement de la fertilité, peut causer beaucoup de souffrance et de frustration: c’est ce qu’on appelle le “fertility gap”.
Dans cet épisode du podcast nous avons demandé à la professeure Melinda Mills, autrice en 2011 de l’étude “Why do people postpone parenthood? Reasons and social policy incentives”, aujourd’hui directrice du Leverhulme Centre for Demographic Science de l’université d’Oxford, d’évaluer quels choix politiques – baby bonus, chèques famille, allègements fiscaux, congé de maternité et de paternité… – peuvent avoir une influence sur l’âge auquel faire son premier enfant.
Les “baby bonus”, par exemple, sont simples, et pourraient sembler un bon choix politique, mais en fin de compte, il ne fonctionnent pas aussi bien qu’on pourrait le penser: «Il existe des exemples d’incitations financières, c’est à dire donner de l’argent aux gens pour les pousser à avoir des enfants» explique Mills: «Au Québec, Canada, ils l’ont fait, mais la mesure n’a pas vraiment marché», car il semblerait qu’elle augmente le taux de fertilité «de ceux qui voulaient déjà avoir des enfants, ou avaient des familles nombreuses». La mesure a donc aidé à avoir des enfants plus rapidement, «mais forcément plus d’enfants».
Eleonora Voltolina parle également avec Melinda Mills de la frontière de la cryoconservation des ovules, appelé egg freezing, – «Ce n’est pas exactement la première pensée d’un femme de vingt ans», car «c’est très coûteux»: et donc, «à l’âge où il conviendrait utiliser cette technologie, l’on a pas le budget pour le faire. Et, à moins que le traitement ne soit couvert par une assurance, les jeunes femmes ne le feront pas» – le natalisme – «Nous l’avons vu en Hongrie, en Italie, et également récemment en Suède; ce n’est pas un mouvement nouveau, et il continue à se perpétrer» – e la stabilité professionnelle comme des facteurs clé pour rassurer suffisamment les jeunes pour qu’ils puissent penser à se faire une famille.
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