Le droit à la planification familiale, composante-clé des droits à la santé reproductive et sexuelle, a été reconnu dès la fin des années soixante-dix, aussi bien parmi les droits humains que dans les accords internationaux. Choisir d’avoir une vie sexuelle active sans courir le risque d’une grossesse non désirée, en disposant de tout un éventail de possibilités en matière de méthodes contraceptives — et refuser l’obligation de l’abstinence parmi ces dernières — est un droit reproducteur imprescriptible.
En particulier, le droit à une vie privée et familiale tel qu’il est reconnu par l’Onu implique celui de pouvoir choisir en toute autonomie et en toute discrétion le nombre d’enfants qu’on désire et le moment de les faire. Bien sûr, en l’occurrence le «moment» soulève la question de la censure qui frappe les grossesses précoces, la situation des filles-mères et des millions de jeunes filles dans le monde contraintes de devenir mères trop tôt.
Mais, nous le verrons, on peut également envisager d’un autre point de vue l’importance de choisir en toute indépendance le «moment» où mettre des enfants au monde. Dans tous les cas, si l’on veut rendre possible le choix de ce moment et du nombre d’enfants que l’on aura, il est indispensable de permettre à tous et toutes de bénéficier des progrès de la recherche médicale, d’avoir accès aux technologies disponibles en matière de santé reproductive, y compris à des moyens de contraception sûrs et confortables.
Autre droit indiscutable, celui de pouvoir choisir d’interrompre une grossesse non désirée, dans un contexte sanitaire sûr, sans avoir à subir de maltraitance psychologique et, surtout, sans que l’avortement soit considéré comme un délit, pour la personne qui l’a choisi et le médecin qui l’a pratiqué. Selon le rapport No Exceptions, No Exclusions: Realizing Sexuel And Reproductive Health, Rights and Justice For All publié en 2021 par l’Onu, on dénombre encore 700 millions de femmes dans le monde qui n’ont pas accès à des possibilités d’interruption volontaire de grossesse légales et sûres dans le cas où elles en auraient besoin.
Et pour avoir un enfant quand on le désire, sans devoir subir de pressions injustifiées sur son lieu de travail afin de remettre ce choix à plus tard? Ne pas devoir se résigner à repousser le moment au nom de raisons extérieures à sa propre volonté, mais avoir l’État comme allié et bénéficier d’un contexte culturel favorable? Ne pas se retrouver après 35 ans à essayer d’avoir un premier enfant ou, dans la plupart des cas pour celles qui commencent après 40 ans, à devoir recourir à des traitements favorisant la fertilité qui ont de multiples effets indésirables et une probabilité de succès peu élevée? Ce devrait également être considéré comme un droit reproducteur indiscutable.
Mais ça ne l’est pas, pas encore. Car l’urgence — en particulier sur le plan international et dans les pays émergents — est opposée : permettre aux femmes de ne pas avoir des enfants, de ne pas en avoir trop tôt et de ne pas en avoir trop. Au contraire, si l’on passe en revue le taux de natalité et l’âge moyen à la naissance du premier enfant dans les pays industrialisés, ce qu’on appelle le «premier monde», il est grand temps de comprendre que le problème est tout autre. Plus tôt nous en prendrons conscience, plus tôt nous inscrirons cette question dans l’agenda politique et mieux ce sera.
À la différence d’autres initiatives portant sur la question de la faible natalité, le Why Wait Agenda est de nature profondément laïque et pro-choice.
Dans notre vision, le droit des personnes à faire des enfants et à en faire lorsqu’elles le désirent, sans subir ni ostracisme ni obstacles à surmonter, sans pressions incitant à remettre à plus tard, est indissolublement lié à deux facteurs-clés de ce que l’on appelle les droits reproductifs et sexuels : l’accès à la contraception et le droit à l’avortement.
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