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Eleonora Voltolina

Tant qu’il y a les règles, y a-t-il de l’espoir? En réalité, non

Dès le jour des premières règles, on peut avoir un enfant. Et, jusqu’aux dernières, on peut toujours. C’est plus ou moins ainsi que la sagesse populaire envisage la question de la fécondité chez les femmes.


Si l’on met de côté le cas de la Péruvienne qui détient le record de la plus jeune mère du monde (à la fin des années trente elle a eu un bébé à l’âge de 5 ans et demi, à la suite d’une combinaison de facteurs inhabituels, dont un état de santé qui entraîna une puberté précoce, et d’un rapport sexuel avec un inconnu), les filles-mères de 11 ou 12 ans sont très nombreuses, en particulier dans les pays en voie de développement.


Longtemps, à l’extrême opposé, le record de la femme la plus âgée qui soit devenue mère naturellement (sans traitement contre la stérilité) a été détenu par une Anglaise, laquelle a eu un enfant à 59 ans, en 1997. Et une Chinoise de 67 ans qui avait eu une fille a elle aussi affirmé plus récemment, en 2019, l’avoir conçue naturellement.

En résumé, en dehors des cas extrêmes, peut-on affirmer simplement qu’entre 13 — âge moyen des premières règles — et 51 ans — âge moyen de la ménopause —, la fenêtre reste ouverte? Non, car ce n’est pas tout à fait exact. Tout d’abord, bien que l’apparition des premières règles déclenche effectivement chez les adolescentes (et parfois les pré-adolescentes) le mécanisme de l’ovulation indispensable à la grossesse, il n’en reste pas moins que tomber enceinte durant les premières années de fécondité comporte des dangers importants, car le corps — surtout l’appareil reproducteur — n’a pas terminé sa croissance et n’est pas complètement formé. Il n’est donc pas tout à fait préparé aux transformations qu’entraîne une grossesse. Le risque de mourir en couches est plus élevé chez les très jeunes mères et c’est là un des arguments soulevés par les militantes qui, partout dans le monde, se battent contre les mariages forcés. Mais cette vision n’est pas exacte non plus à l’autre bout du spectre, car on n’est pas fertile jusqu’à ses dernières règles, non. Dans le document «Age and Fertility — A Guide for Patients», publié par l’American Society for Reproductive Médecine en 2012, il apparaît très clairement que les femmes ne sont absolument pas fertiles jusqu’à la ménopause. Laquelle se produit en moyenne à 51 ans, mais «la plupart des femmes ne sont plus en mesure de porter une grossesse à terme environ dès le milieu de la quarantaine». Le document souligne que la fécondité décline naturellement à mesure que l’âge des femmes augmente et, bien sûr, si «le moment où le déclin commence et la vitesse à laquelle il évolue varient beaucoup d’une femme à l’autre», il n’en demeure pas moins qu’il «commence toujours bien avant la ménopause». Chez toutes les femmes. En général, selon l’American Society for Reproductive Médecine, le fécondité commence à baisser un peu avant ou un peu après 30 ans, et cette baisse s’accélère après 35 ans. «Les femmes qui attendent d’avoir 35 ans pour le premier enfant devraient bénéficier d’informations sur les contrôles et les traitements appropriés, et avoir les idées claires quant aux probabilités de succès des thérapies contre l’infertilité». Car ces probabilités sont assez basses. «S’ils connaissent les différentes options et qu’ils ont conscience de leurs besoins ainsi que de leurs objectifs, précise encore le document, une femme et son partenaire seront prêts à prendre les bonnes décisions». En particulier, à partir de 40 ans (et plus encore après 45), la probabilité de tomber enceinte au cours du cycle — soit naturellement, à la suite d’un rapport sexuel non protégé, soit artificiellement, en ayant recours à des traitements contre l’infertilité, dont la fécondation in vitro (FIV) — est inférieure à 5 %. Le document met en garde contre les médias qui évoquent régulièrement les célébrités tombées enceintes à un âge avancé, grâce à des traitements médicaux, encourageant dans l’opinion publique la certitude qu’on peut facilement lutter contrecarrer le facteur âge. La baisse de fécondité qu’on observe chez les femmes est liée à l’âge et «se produit dès lors que la quantité et la qualité des ovules diminuent peu à peu».


Cette diminution de la quantité et surtout de la qualité des ovules est d’ailleurs la raison pour laquelle, à mesure que l’âge augmente, il devient plus difficile pour les femmes de tomber enceintes et, quand elles y parviennent, plus probable de faire une fausse couche. Pour cette raison, conclut l’American Society for Reproductive Medecine, «l’âge des femmes est l’indicateur le plus juste quant à la qualité de leurs ovules».


Après 40 ans, les femmes qui désirent un enfant se voient souvent proposer par les gynécologues spécialistes de la fertilité l’option de la fécondation in vitro hétérologue, qui se sert de gamètes extérieurs au couple : en l’occurrence, pas les spermatozoïdes, mais l’ovule. C’est aussi ce qui stimule le marché de la cryoconservation des ovules: les faire prélever quand on est jeune et les faire congeler pour pouvoir les utiliser et tomber enceinte à un âge plus avancé.

Ces deux options (utiliser l’ovule d’une donneuse jeune et extérieure au couple, ou se servir de ses ovules congelés 5, 10 voire 15 ans plus tôt) se révèlent plutôt efficaces, même si elles n’éliminent pas complètement le fait que, dans tous les cas, l’embryon s’implantera dans l’utérus d’une femme qui a l’âge qu’elle a, et c’est là qu’il devra «tenir» puis poursuivre sa croissance. Ce qui n’est pas impossible ! Simplement, c’est statistiquement plus difficile en pareil cas d’arriver à serrer un jour son bébé dans ses bras.



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